Avec ce projet, j’ai souhaité déconstruire la manière et la forme avec lesquelles nous consommons actuellement du contenu érotique, ou devrais-je plutôt dire pornographique. Fusion cherche à revisiter ces concepts en déconstruisant les avis et clichés des représentations classiques véhiculées. En introduisant des silhouettes se masturbant avec des fleurs, une langue léchant des montagnes, et des plans de personnes cuisinant, malaxant la pâte d’une pizza comme on malaxe l’aréole d’un humain, je souhaite offrir une vision nouvelle et poétique de l’érotisme.

Avec Fusion, j’ai voulu m’opposer à la vision contemplative et, à travers l’image, le cadrage et leur alternance, frustrer notre envie scopophile. Il ne s’agit pas de faire de la pornographie, mais de sublimer la sexualité comme un fait du quotidien rendu magique par la chaleur, la rythmique et les symboles. Le titre évoque l’univers de la fusion magma- tique, une alchimie opérant entre les corps, les images, le texte et bien sûr la musique, stimulant notre cerveau, notre corps et notre esprit, ce pourquoi j’ai souhaité en faire un film muet.

Sans son direct pour les images de Fusion, le projet laisse un terrain libre pour l’interprétation musicale. Chaque style de musique, du classique comme l’ouverture de Tristan et Isolde de Richard Wagner aux lourdes basses de la techno berlinoise, apporte sa propre interprétation aux images en mouvement. La musique réunit les corps, et c’est dans ce contexte que je souhaite inviter les spectateurs à un voyeurisme commun, assumé et libre de toute injonction de représentation, un espace où s’interroger sur nos rapports physiques et sensibles.

En célébrant la diversité des expériences érotiques et en proposant une approche inclusive via l’image, Fusion invite tous les spectateurs à redécouvrir l’érotisme sous un nouvel angle, plus profond et plus poétique que ce qui est pro- posé en ligne. Ce projet est une invitation à voir au-delà des clichés, à ressentir la chaleur et l’intimité d’une manière nouvelle et inspirante.